Suite 22: Alejandra

Cette partie est la suite de la 20ème.

couzmax

Récap : Vingtième Partie : Qui l’eût cru ?..

Max, Fari et Al se sont bien joués de moi. Maxwell Meissa Diagne est mort, tué par sa femme … Moi, Ken Bougoul. J’ai tué de mes propres mains mon seul et unique amour. 

Farimata, revenue pour se venger, a atteint son but. Seulement, je sais qu’elle n’en a pas encore fini avec moi.

A quoi peut bien lui servir toute cette haine accumulée, ressassée, ruminée pendant des années ?

J’ai de la peine, j’ai pitié de cette femme ! Comment peut-on être aussi mesquine? Cette méchanceté hors-normes m’écœure, me fend le cœur. J’ai de la peine pour Farimata. Elle n’a jamais connu le bonheur, elle n’a pas d’enfant, elle est seule, toute seule avec un cœur aussi noir et piquant qu’un oursin. 

Que gagne-t-elle à faire du mal ? Rien, sinon plus de mal encore.

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…Côte d’Ivoire,

J’ai des maux de ventre terribles, je n’ai jamais eu aussi mal de toute ma vie.

Malgré la séropositivité d’Ousmane, d’après les médecins qui nous suivent, le bébé et moi n’avons rien. Nous sommes sains et saufs.

« Ceci n’a rien de miraculeux, ce n’est que la force de la science. Madame, monsieur, grâce aux progrès scientifiques, la médecine fait de grand bonds en avant chaque jour que Dieu fait. Aujourd’hui être porteur du virus du Sida n’est pas synonyme de mort certaine. Non, nous avons évolué mais il reste l’évolution sociale et psychologique. » disait Docteur Komassi.

Effectivement, ce que le médecin nous expliquait était bien possible, je me rappelle avoir lu un jour un article sur le Net et cela parlait de ce genre de cas.

En effet, selon l’article la prise en charge de la maladie diffère selon les trois cas de figure : 1)L’homme est séropositif ; 2)La femme est séropositive ; 3) Les deux partenaires sont séropositifs.
Notre cas est le premier cité : Lorsque l’homme est séropositif. Ici, l’objectif principal des médecins et spécialistes est alors d’éviter la contamination de la partenaire. Dès les années 1980, l’insémination artificielle avec sperme de donneur (IAD) offrait une alternative présentant l’avantage d’un risque de transmission nul.

Mais pour les couples souhaitant une filiation biologique, la méthode naturelle a, un temps, été tentée au début des années 1990 avant d’être abandonnée.

Aujourd’hui, la technique repose sur la sélection d’une fraction de sperme dans laquelle le virus est indétectable. Si les médicaments traitements antirétroviraux sont capables d’abaisser la charge virale (nombre de copies du virus dans un millilitre de sang) à des niveaux indécelables dans le sang, le virus reste parfois présent dans le liquide séminal. La diffusion des antirétroviraux au niveau de l’appareil génital diffère de manière importante selon la molécule. Cette situation suppose donc parfois un changement de traitement.

Le choix de la technique de la procréation médicalement assistée se fait ensuite sur la base de ses résultats biologiques et virologiques mais également sur d’éventuels problèmes de fertilité : insémination intra-utérine (IIU), fécondation in vitro (FIV) ou injection intracytoplasmique de spermatozoïde (ICSI).

Ce qui peut sembler bizarre dans le cas d’Ousmane et Moi, c’est que nous n’avions pris aucune précaution auparavant. Irresponsables ou fous, je ne sais comment nous qualifiés. Le risque a été ÉNORME ! Nous sommes des miraculés en dépit de ce que pensent les médecins.

Cependant, ces maux de ventre atroces, qui me tenaillent depuis ce matin m’inquiètent au plus haut point.

Je dois contacter mon gynéco le plus rapidement possible.

-Babou ! Babou vient… Je crie comme une demeurée, alors que Babou se trouve à des milliers de kilomètres d’Abidjan. Il m’arrive très souvent, depuis que je suis à nouveau enceinte, de l’appeler avant de me rendre compte que mon fils ne vit plus chez moi.

Il me manque terriblement…

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Dakar, Sénégal

Aline et Alejandra sortent du bâtiment A de la Faculté de Sciences Juridiques et Politiques de l’Université de Cheikh Anta Diop Dakar (UCAD). Aline a des tresses qui lui arrivent à la taille et Alejandra a attaché ses cheveux roses pales en queue de cheval. Elles sont habillées presque de la même manière. Pantalons jeans slims, petits hauts « cropped tops », si elles n’avaient pas des couleurs de peaux différentes, on les prendrait certainement pour des jumelles. Elles ont toutes les deux 17 ans et ont presque la même taille. Aline est un peu plus élancée. Très précoces et en avance par rapport aux autres adolescents, les jeunes filles sont en première année universitaire et elles ne ratent aucun cours.

-Aline, je ne suis pas certaine d’avoir compris 1/100 de ce que le prof racontait, se lamente Alejandra, dans un français impeccable mais avec un petit accent portugais.

-Mais Alex, il te faudra t’armer de patience ma chérie. Tu ne peux pas quitter ton Sao Paulo natal, débarquer à Dakar et vouloir tout comprendre du jour au lendemain.

-C’est vrai, cependant je me dis que cela ne devrait pas être un problème. J’ai fait la France et la Suisse, des pays francophones comme le vôtre, dit Alejandra.

-Alejandra, le Sénégal n’est pas la France, encore moins la Suisse. Ici nous avons d’autres réalités. Et l’Université en fait partie. L’UCAD est un monde dans un monde. Tu verras bientôt, répondit Aline.

-Oh ma belle, stp arrête ton délire. Ne me refile pas tes angoisses.

Aline la regarde et sourit, avant de lui prendre la main et se dirigeant vers la sortie de l’établissement.

Il est 15 heures et quart et le soleil brille de mille feux comme à l’accoutumée. Les deux adolescentes, se pressent vers le grand portail de l’université parmi une foule de jeunes gens aussi pressés qu’elles.

Aline hèle un taxi qui s’arrête à un mètre de leur position.

-Eh Alex, dit alors la jumelle d’Akela, vient ici, où cours-tu comme cela?

Alejandra est déjà embarquée dans un véhicule de transport en commun. Ceux-ci sont appelés « cars rapides » par les dakarois.

En effet, le car rapide, est un symbole incontournable du transport urbain sénégalais, c’est une version modifiée de la Renault 1 000 kg et de la Renault Estafette. Deux modèles d’anthologie du véhicule utilitaire de la marque française qui continue de desservir la banlieue dakaroise.

Alejandra est dans le « car rapide » quand soudain, elle voit Aline lui faire de grands signes. Elle descend alors et toutes deux se précipitent dans le taxi.

Ce dernier est une voiture de marque Toyota neuve et bien entretenue. Le chauffeur se tourne et gronde les deux jeunes filles.

-Vous faisiez quoi pendant tout ce temps?

-Assaloumou Aleykoum, dit Aline. Les salutations d’abord Serigne bi (monsieur).

-Je ne suis pas votre égal. Dévergondées que vous êtes, mal éduquées.

Aline et le chauffeur échangent en wolof.

-Mais monsieur, elle vous a dit la vérité, tente Alejandra en français.

-Quoi? La toubab veut aussi me faire la leçon ? Eh bien, on aura tout vu.

-Monsieur, … Monsieur, …

Aline l’appelle mais l’homme ne l’écoute plus, il s’est lancé dans un monologue interminable. Il parle des blancs, des colons qui sont venus détruire le Sénégal. Son sèèr pays (Cher pays).

-Chauffeur ! Eh, nous descendons ici, crie Aline sur un ton qui laisse paraître toute sa colère.

-Il fallait me le dire plus tôt. Mal élevées que vous êtes.

-Alex, descend de ce véhicule, dit Aline. On se casse.

Elles marchent encore sous le soleil de plomb, avant d’atteindre la maison des Sagna.

-Je passe dire bonjour à Tata et à Akela.

-Et réviser. Nous avons des TD, renchérit Aline. Eh bien, quand on parle du loup… dit elle en souriant à la vue de son frère.

-Mais où Diable étiez-vous les filles?

-A la fac, répondent Aline et Alex en chœur.

Akela les regarde, puis jette un coup d’œil à sa montre-bracelet avant de dire :

« Ah ouais ! Et comment se fait-il que je sois à la maison un quart d’heure avant vous ? »

-Akela, pousse-toi de notre chemin ! Tchiiiip ! Alex allons dans ma chambre.

-Salut Akela ! dit Alejandra en souriant.

-Salut, Alenjandra. Je reviens dans quelques minutes, on pourra réviser les cours ensemble; si tu veux bien sûr, dit Akela sur un ton taquin qui surpris sa sœur puis il sort de la maison.

-Gnagnagna !!! Il m’énerve ! rouspète alors Aline.

-Haha ! rigole Alejandra. Serais-tu jalouse par hasard ?

-Pff, n’importe quoi ! dit la jumelle d’Akela.

-Si tu le dis, continue de rigoler Alex. En tout cas, il me plait bien, ton frère. En plus c’est un intello contrairement à toi.

-…M’en fous, répond Aline, la mine sombre.

-Qu’est ce que t’as ? s’inquiète son amie.

-Rien, donne-moi les écouteurs que je t’avais prêté stp.

Aline se couche sur le lit, l’air d’avoir quelques soucis insolubles.

-Aline qu’y a-t-il ? C’est à cause de ce que j’ai dit à propos de ton frère ?

-Non Alex, ce n’est rien. Je suis un peu fatiguée.

-Tu veux faire une sieste ? Tu sais je peux aller chez moi et on terminera les travaux dirigés cette nuit.

-D’accord, répond Aline avec une petite voix.

Alex, l’observe quelques secondes, puis elle prend son sac avant de se retourner.

-Aline Sitoé Sagna, tu peux tout me dire. Aline apprend à te confier. Je suis ton amie et jamais je ne te trahirai.

-Ne t’inquiètes pas ! Je suis K.O. c’est tout.

En refermant la porte de la chambre de son ami, Alejandra remarque que celle-ci pleure silencieusement.

….

Le jour suivant est un dimanche, Alex et Aline n’ont pas révisé la veille comme elles se l’étaient promises.

Aline ne répondait pas aux appels de sa copine. Cette dernière est très inquiète mais aussi très en colère contre Aline Sitoé. C’est ainsi qu’elle l’appelle quand elles se chamaillent. C’est son nom complet.

Son amie lui avait un jour dit qu’elle porte le nom d’une guerrière ou une princesse. C’est un peu confus dans sa tête.

Si cette Aline Sitoé était une princesse sénégalaise, elle doit certainement être célèbre. Alejandra, commence à googliser le nom d’Aline Sitoé.

Elle tombe alors sur une histoire incroyable.

(A suivre )

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